[Vidéo] La justice prédictive, bientôt au cœur de toutes les directions juridiques ?

[Vidéo] La justice prédictive, bientôt au cœur de toutes les directions juridiques ?

14.12.2017

Gestion d'entreprise

Gage de crédibilité, synonyme de réduction des coûts et du temps des négociations précontractuelles, la justice prédictive attirerait les plus grandes directions juridiques. Celles-ci pourraient même choisir leurs avocats en fonction de leur appétence pour ce nouvel outil.

« Nous n’avons pas le droit de rater ce train-là », prévient Philippe Glaser, avocat associé chez TaylorWessing et spécialiste du contentieux informatique et des nouvelles technologies. Si les outils de justice prédictive ne sont pas encore déployés au sein de tous les cabinets d'avocats et directions juridiques, cela ne saurait tarder. C'est en tout cas l'avis partagé par l'ensemble des intervenants conviés à la table ronde animée par Wolters Kluwer France, à l'occasion du 2e Village de la LegalTech organisé par Open Law et Village de la Justice, le 7 décembre dernier.

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La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Un critère de sélection pour les « plus grandes directions juridiques »

« Dans les années à venir, cet outil va devenir obligatoire », d'après Philippe Glaser. Cette nécessité de s’adapter aux nouvelles technologies serait principalement réclamée, voire exigée, par les clients. « Les directions juridiques veulent que l’avocat prenne – ou aide à prendre –  la bonne décision », poursuit celui-ci. Le temps des conclusions d’une dizaine de pages, avec un récapitulatif de la jurisprudence applicable à un point de droit spécifique, est bel et bien révolu. « Aujourd’hui, on nous demande d’être synthétiques et de répondre à deux questions : "ai-je une chance de gagner devant le juge ?" "Combien dois-je provisionner ?" », remarque l'avocat.

« Oui, c’est même devenu un critère de sélection. Désormais, les plus grandes directions juridiques choisissent leurs conseils en fonction de leur utilisation des outils », ajoute Louis Larret-Chahine, directeur général de Predictice. Ainsi, la prédilection des avocats pour les nouvelles technologies en général, et la justice prédictive en particulier, serait aujourd’hui considérée comme un gage de crédibilité par leurs clients. Et cela devrait considérablement modifier la relation avocat-client, notamment d’un point de vue financier. « Les directions juridiques ne veulent plus que l’avocat facture au temps. Elles préfèrent avoir une certaine visibilité sur leur budget, comme toutes les autres directions de l'entreprise. Et le client sera toujours prêt à payer plus s’il a la réponse demain, plutôt que dans 2 semaines », souligne Olivier Chaduteau, associé fondateur chez Day One.

« Un contrat de 20 pages au lieu de 60 »

Un gain de temps, mais aussi une période de négociations précontractuelles qui pourrait être considérablement réduite grâce à ces nouveaux outils. « L'outil n'est pas utile qu'en contentieux ! », affirme Olivier Chaduteau. Au delà de l'intérêt de savoir si l'entreprise a des chances de gagner un procès en justice, les directions juridiques souhaitent aujourd'hui utiliser la justice prédictive pour son aspect préventif, en amont de tout litige. « Les directeurs juridiques nous demandent de revoir l'ensemble de leurs gros contrats. L'objectif est de supprimer des clauses contractuelles pour permettre à l'entreprise d'être plus opérationnelle que ses concurrents. Le contrat fera 20 pages au lieu de 60. Le temps de négociations est donc réduit, et par conséquent, le coût global de la transaction également », développe l'associé de Day One. Mais si les avocats semblent tenir le « bon filon » pour appâter de nouveaux clients et les fidéliser, la concurrence serait devenue de plus en plus rude et « effrénée », selon Philippe Glaser. « Les clients ne sont plus fidèles. Beaucoup d'entre eux n'hésitent pas à partir pour s'offrir les services d'un cabinet qui dispose d'outils innovants », regrette l'avocat.

 

 

 

Leslie Brassac / Vidéo : Sophie Bridier et Stefano Danna
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